Alors heureuse ? C’est ce qu’on me demande souvent
depuis que le PSG recolle au haut du tableau et que les finances, devenues un
non-problème, nous permettent de « rêver plus grand ». Mais, ceux,
qui comme moi ont ce club dans le cœur depuis toujours et qui vibraient déjà
enfants dans les tribunes du Parc des Princes sont amers. C’est un drôle de
sentiment que nous vivons là. Impossible de ne pas se réjouir en voyant notre
club bien parti pour dominer le football français ces prochaines années mais
pourtant la satisfaction n’est pas totale. Loin de là. Elle ne peut être totale
puisque le PSG n’est plus le même PSG.
Le PSG en
quarante ans de vie a su créer un enthousiasme, un engouement autour de lui
mais aussi une ambiance particulière au sein de son cocon qu’était le Parc des
Princes. L’architecture du stade permettant aussi cela, c’est avec appréhension
que les équipes adverses arrivaient, se sachant attendues de pied ferme par des
supporters considérant le lieu comme « chez eux ». C’est cette
appropriation d’un lieu et de son mythe qu’il ne faut pas oublier, au risque de
perdre ce qui fait l’identité d’un club et son authenticité.
Ce n’est ni une Ultra qui signe ce
papier, ni une affiliée, ni même une proche. J’ai toujours assisté aux matchs
en tribunes « Présidentielles » ou « Paris ». Mais jamais à
Boulogne, jamais à Auteuil. Pourtant, c’est une ode à leur retour que j’écris
ici. Le PSG, ne peut pas être lui, sans les supporters historiques, sans les
Ultras qui ont fait vibrer ce club années après années et sans son stade de
toujours.
Le Parc a souvent été victime de sa
réputation : « On ne peut pas emmener ses enfants » « Mais
t’as pas peur d’y aller ? » Enfin, soyons sérieux, on parle du Parc
des Princes là, pas du Bronx. C’est pour cette raison, qu’à l’heure ou celui-ci
joue son futur, il me semble important de vous témoigner la première fois que
j’ai mis les pieds au Parc des Princes.
Loin des clichés dont les médias
raffolent, ce jour là mon seul contact avec le grand hooliganisme parisien fut
de croiser dans la rue 4 zigotos passablement très éméchés et criant plus fort
que les autres. Beaucoup de choses ont été dites sur le Parc, beaucoup de ces
choses étaient dites par des personnes n’ayant jamais vu ne serait-ce qu’un
centimètre de celui-ci. J’insiste, ce jour là je n’ai ni vu actes racistes ni
actes violents. Nous étions en famille et j’étais happée par la vue, le bruit
et les couleurs. L’ambiance était spectaculaire. Les kops entrainant dans les
encouragements, les chants et les sauts, tout le Parc. Aujourd’hui, près de 15
ans plus tard, je me souviens davantage de cette ambiance, des tribunes
électriques, que de ce qu’il se passait sur le terrain. Mes yeux étaient rivés
vers Boulogne et Auteuil. Et, c’est là la force des tribunes. On ne peut
séparer la dimension purement sportive du football et l’ampleur de ce qu’on appelle
le « douzième homme ». Parce que dans le foot plus que dans n’importe
quel autre sport, les deux sont indissociables, n’en déplaisent à de nombreuses
personnes.
J’étais enfant et je faisais partie de
quelque chose de plus grand, d’un tout. J’ai alors peur que cette génération
qui découvre le PSG à travers des Pastore et des Ancelotti, ne connaissent
jamais le Parc que j’ai connu et aimé.
Le Plan Leproux a brisé bien plus
qu’une simple ambiance. En touchant aux supporters historiques, en les excluant,
en interdisant les regroupements, elle a enlevé ce qui faisait partie de
l’identité du club. J’entends bien ceux qui défendent ce projet quand ils
évoquent les violences et le racisme. Mais la suppression totale était-elle la
bonne réponse ? On ne me fera pas croire que le Plan Leproux était un cas
unique et spécialement approprié au Parc des Princes. Ce plan s’inscrit dans
une logique d’aseptisation des stades français. Les dernières pressions
sur les kops à St-Etienne en sont un autre exemple parmi tant d’autres. Un
stade sans Ultras mais remplis de simples spectateurs, voilà le rêve de nombres
de dirigeants du football français. Plus de revendications, plus de pression
sur les joueurs ou sur le club, plus de protestations. Ces derniers l’ont bien
compris, en diabolisant les ultras, voir en les dégageant de leurs stades,
c’est un public qu’il considère comme des « clients » et non plus des
supporters qu’ils peuvent attirer. Un public simple, qui avalera ce qu’on lui
fera avaler comme des places plus chères ou des animations bidons.
Non, je n’ai pas envie que le Parc des
Princes se transforme en cirque avec pom-pom girls et autres faux hymnes écrits
par le service communication du PSG. Non, je n’ai pas envie de voir un PSG
travesti en Stade Français dans lequel un Leonardo transformé en Max
Guazzini serait prêt à tout pour attirer des spectateurs. Non, je ne veux pas
entendre des dirigeants parler de « clients » quand ils parlent de
leurs supporters. Oui, je veux revoir des kops, des
tifos, des fumigènes et que les tribunes vacillent dans la folie et l’extrême
lors d’un but. Oui, je veux retrouver un Parc des Princes qui vit, respire
et transpire le foot. Un foot populaire, authentique et qui appartient à
ceux qui le font vivre, les supporters.
En France nous avons besoin de kops et
d’ultras pour faire vivre un stade, au risque de passer 90 minutes à entendre
sifflements et timides applaudissements.
Je ris quand je vois une tribune
entière destinée aux femmes ou quand je regarde les joueurs du PSG se ridiculiser
dans un clip que j’espère voir enfoui dans les tréfonds d’internet. Mais ce
sont clairement des rires de résignations. Je suis attristée et dépitée de voir
en quoi mon club s’est transformé. Je ne ris plus du tout en lisant la charte
12 et son obligation de « soutenir le Club dans les bons comme les mauvais
moments. Donc bannir dans leurs expressions/actions publiques tout message
injurieux contre le Club (ses joueurs, ses dirigeants, ses actionnaires, ses
collaborateurs, ses partenaires…) » Je ne ris plus du tout en ne voyant
pas Léonardo réfuter purement et simplement l’idée même d’un déménagement
définitif au Stade de France.
Leproux n’est plus, son plan est resté,
très rarement évoqué par les journalistes préférant louer ce projet qui a mis
dehors toute violence et racisme du Parc des Princes (bonjour, vous êtes en
2012, dans le monde des Bisounours). De nombreuses personnes, pourtant parfois
supporters depuis toujours sont les 1ers à défendre ce Parc des Princes à
l’américaine. Les débats atteignant souvent le Point Godwin version PSG, quand
on évoque les morts aux alentours du Parc. Que répondre à cela ? Certes,
Leproux était dans une situation extrêmement compliquée dans laquelle il
subissait toutes les pressions le menant à « réagir ». Celles de
l’opinion publique, de la presse mais aussi celles venant du ministère de
l’Intérieur et du Tout-Puissant de son Elysée. Forcément, il était dans
l’obligation de frapper fort. C’est ce qu’il fit. Mais aujourd’hui, personne ne
peut nous reprocher de critiquer un plan mal-fichu qui a décidé de stigmatiser
tout un pan de supporters. Des supporters présents, bien avant Leproux et sa
clique, des supporters qui avaient tout donné pour ce club. Il y a de quoi
enragé.
Attention, je n’idéalise pas ici un lieu
qui a également été capable du pire. Je suis bien consciente que ma première
expérience au Parc des Princes, aussi belle qu’elle fut pour moi l’a été
beaucoup moins pour d’autres. Je ne mets pas de côté la barrière profonde et
vraisemblablement ineffaçable qui séparait Boulogne et Auteuil. Néanmoins, je
déplore qu’il n’ait été trouvé des solutions davantage appropriées et
respectueuses de tous. Je déplore qu’un club se transforme à ce point en
produit et que l’on puisse évoquer une disparition totale de ce qui fit le PSG
durant toutes ces années.
Aujourd’hui je ne sais pas s’il faut se
faire une raison, tourner une page de notre histoire et prendre conscience que
celle-ci est bien finie. Ou s’il faut continuer à se battre pour tenter de
reconstruire ce qu’on nous a enlevé. Mais j’ai la triste impression que cela
relève de la mission impossible. En plus de briser une ambiance, le plan
Leproux a fait naitre de nouveaux conflits au sein des supporters. Après
Boulogne/ Auteuil, voici venu le temps des historiques Vs footix. Ajouté à
cela, un déménagement prolongé dans l’antre de la non-ambiance, le bien nommé
Stade de France et on sonne là le glas de l’ancien PSG.
On pleurait la disparition d’une
ambiance, aujourd’hui on risque de pleurer la disparition d’un stade tout court.
Abernathy Kiddo
"Le Stade de France apparait comme trop froid, trop distant et Saint-Denis, comme un bastion de supporters de l'OM... Surtout, c'est au Parc que s'est écrite la légende du club : le barrage contre Valenciennes; la première Coupe de France; la prosternation de Borelli; les folles soirées contre le Real et Barcelone; les coups de sang de Fernandez; les gestes lumineux de Susic; la classe de Dahleb; la grace de Raï; les éclairs de Pauleta..."
RépondreSupprimer"Je déplore qu’un club se transforme à ce point en produit et qu’on puisse évoquer une disparition totale de ce qui fit le PSG durant 42 ans."
RépondreSupprimerLe PSG a joue au parc qu'a partir de 1974 avec la monte en D1.
C'est bien beau de critiquer les plans mis en place, mais encore faudrait il apporter vos solutions à ces problèmes récurrents à Paris. Que préconisez vous pour :
RépondreSupprimer1. éviter les morts autour du stade (expliquer à la famille du défunt que c'est pour le bien de l'ambiance ne doit pas être suffisant)
2. éviter les bagarres entre supporter du psg (dans le top de la connerie, c'est quand même pas mal...)
3. éviter les dégradations au parc, et aux alentours par ces mêmes supporters